samedi 5 novembre 2011

Crone & al. (2006). Dévelopement neurocognitif de l’habilité à manipuler l’information en mémoire de travail.

Les auteurs ont utilisé un IRMf pour tester l’hypothèse que le développement de la capacité de manipulation en mémoire de travail (à différencier de la capacité de maintien pure, de stockage à proprement parler) chez l’enfant se caractérise par un recrutement plus important des zones préfrontales dorsolatérales, et du cortex pariétal supérieur. L’augmentation d’activité dans ces zones correspond à l’augmentation de capacité en manipulation de l’information. Les études précédentes ont déjà montré que les enfants de 8 à 12 ans réussissaient moins bien à manipuler les informations, surtout quand il fallait en plus garder l’information stockée en même temps. Il n’y a pas de différence sur les capacités de maintenance, ce qui se traduit par un profil d’activation du cortex préfrontal ventro-latéral similaire entre enfants et adultes. Néanmoins, les 8-12 ans n’arrivent pas à recruter le cortex préfrontal dorsolatéral, tout comme le cortex pariétal supérieur, ce qui se traduit par des difficultés à manipuler les informations stockées en mémoire.

La mémoire de travail, définie comme la capacité à maintenir de l’information que l’on peut facilement manipuler n’est pas innée, elle se développe tout au long de l’enfance, et encore pendant l’adolescence. Les capacités en mémoire de travail sont néanmoins essentielles à développer car elles peuvent prédire la réussite scolaire, notamment. Le développement de la mémoire de travail peut néanmoins soit être global, de sorte que tout se développe en parallèle, et en même temps, soit spécifique, avec un développement différent de la capacité à maintenir l’information en mémoire et la capacité à l’utiliser en la manipulant. On sait déjà que maintenir une information en mémoire fait appel au cortex préfrontal ventrolatéral, la manipuler fait appel au cortex préfrontal dorsolatéral et le cortex pariétal supérieur. Les études montrent déjà que le cortex préfrontal ventrolatéral est mature plus tôt que le cortex préfrontal dorsomédian, ce qui pourrait contribuer à dire que les processus de maintien et de manipulation ne se développent pas en même temps.
Pour éviter les phénomènes connus de Chunking (le fait d’associer des éléments entre eux pour mieux les retenir, en faisant une phrase à partir d’une liste de mots, comme on l’a tous fait pour se souvenir de l’ordre des planètes du système solaire), ils ont utilisé un matériel où peut d’items devaient être retenus, mais qu’il fallait manipuler néanmoins.

On remarque que les 8-12 ans ne font pas plus appel au cortex pariétal supérieur ou au cortex préfrontal dorsolatéral (DLPFC) dans la tâche de manipulation (backward), contrairement aux adolescents, qui y font eux même moins accès que les adultes.


Comme prédit par les hypothèses, les enfants de 8 à 12 ans ont en effet une absence d’activation du cortex préfrontal dorsolatéral et du cortex pariétal supérieur, ce qui se traduit par des performances moins élevées sur les tâches de manipulation de l’information. Ils ont également confirmé que ces zones étaient bien liées à la manipulation, en montrant que plus les zones sont activées, plus les résultats sont bons.
Les activations dans ces zones de la « maniabilité de la mémoire » peuvent heureusement augmenter avec la pratique, et même les enfants de 8 à 12 ans peuvent réussir à manipuler l’information qu’ils ont en mémoire à force de travail sur ce point précis.


Source : Crone, E. A., Wendelken, C., Donohue, S., Van Leijenhorst, L., Bunge, S. A. (2006). Neurocognitive development of the ability to manipulate information in working memory. PNAS, 103 (24), 9315-9320.

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